mardi 24 février 2009

Le secret

Persuadée, j'étais persuadée jusque là, de n'être pas capable, d'être nulle, de ne jamais y arriver. Et puis j'ai lu, j'ai découvert ma nature, et j'ai découvert aussi que j'étais capable de tout, que rien ne pouvait me résister si je savais, si je voulais y mettre le temps, l'énergie, si c'était le bon moment pour moi. Pour moi, pas pour les autres, pas pour la société.

Et je l'ai confié ce secret, à ma grande en pleine désespérance, je lui ai glissé à l'oreille:
"-les zèbres savent tout faire, sont capables de tout, tu peux y arriver".

Ca paraît simple, évident comme ca, mais non, pour nous ca ne l'était pas.

Elle m'a écouté, est repartie tenter sa chance et quelques heures plus tard, elle avait atteind son but, dépasser ses limites. Elle aussi était capable de tout faire, de toujours parvenir au but qu'elle s'est fixé, pourvu qu'elle en soit convaincu et demandeuse.


dimanche 18 mai 2008

Exposition

J'entre dans la salle, le monde se rue sur le catalogue, le prospectus qui dira tout de chaque toile, qui fouille la vie, l'intimité de l'artiste pour expliquer le pourquoi du comment.
Et moi, moi j'entre, je balaie du regard, puis je m'arrête devant la première toile qui m'attire... et je ressens, j'observe, je m'approche, religieusement, comme si je faisais connaissance avec un animal farouche, je ferme les yeux et je me laisse envahir par les émotions, les idées. Je rouvre les yeux, je les sens humides, je recule, je remercie.
Je m'isole un peu, puis je passe à la suivante qui m'attireras, j'en saute sûrement pas mal, celles qui ne me font rien ressentir, ou pas autant, mais je n'ai pas le sentiment de perdre quoi que ce soit.

Je ne sais rien de cet oeuvre, ni des suivantes, je ne sais rien de leur père, de sa vie, de ses tourments, mais j'ai ressenti tout, souffrance, joie, j'ai ressenti et l'ai marqué au plus profond de moi.

Pendant ce temps, le monde se sera délecté du pourquoi du comment de chaque coup de pinceau, de chaque choix pictural, sur la signification donné par un expert 30 ans après la mort de l'auteur au choix des matières.

De retour, quand j'annonce que j'ai été visité tel ou tel expo, on me parle de tout cela, et moi, je ne sais rien, je n'ai fait que ressentir, que vivre cette expo.

vendredi 2 mai 2008

Acteur/spectateur/réalisateur

Je vais à l'école pour chercher mes enfants. Sur le chemin, je fais la liste des personnes qui seront présentes devant la classe à attendre leur(s) enfant(s). Untel arrivera en premier, unetelle toujours avec son pain et le paquet de bonbon, un 3è toujours en retard... Je pense aux discussions qui seront en cours, ou qui demarreront: est-ce que le petit dernier à bien fait la sieste? est-ce que les enfants ne seront pas trop excités à la sortie de classe? que penser de la dernière épidémie de gastro? Qu'y avait il à la cantine à midi pour décider du menu du souper?...
J'y pense et je prévois des réponses types en fonction de mon état d'esprit du jour, du temps dont je dispose, j'analyse en même temps l'humeur qu'auront mes enfants et qui m'accordera ou non la possibilité ou non de discuter un peu, d'échanger 3 banalités, ou qui me permettra de fuir ses banalités justement par manque d'intérêt ou par manque de réponse tout simplement.
Enfin, j'arrive devant l'école, les dites personnes sont là, les discussions démarrent et je revis la scène que j'ai déjà préparé, en même temps j'imagine, j'ose parfois avancé une donnée imprévue, une phrase qui sort de la banalité, une question plus consistante, une remarque moins entendue mais non rien ne prend, les gens me regardent comme si je venais de tomber du ciel, alors je reprends le cours des banalités, tout en pensant à mes arguments si la discussion avait pu démarrer, tout en pensant à mener cette discussion avec mes ami(e)s, mon mari en rentrant. Enfin je salue et je fuis en poussant mes ouailles devant moi et je ré-analyse la scène de la sortie d'école, j'en tire des conclusions, je mets de côté les informations qui me permettront d'avoir un meilleur répondant la prochaine fois qu'on me dira "Il fait froid aujourd'hui, c'était pas le cas l'an dernier à la même époque" ou "Mon fils n'aime pas ma soupe, il préfère celle de la cantine"...

Je suis en permanence dans l'action, l'observation, l'analyse, l'anticipation, en permanence en quête de perfection pour me faire au mieux accepter mais pour y tirer un plaisir aussi.

mercredi 30 avril 2008

Etranger en son propre pays

Nous sommes de la même nation, de la même patrie, de la même mère, et pourtant nous ne parlons pas la même langue.
Je parle la langue des émotions, tu n'entends que les mots de l'intellect.
Je dis les sentiments, les ressentis, tu ne comprends que les faits, les actes.

Nous sommes étrangers l'un pour l'autre, même si nos naissances nous ont fait frêres de sang et de terre.

mardi 29 avril 2008

L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poête est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire, les fleurs du mal

Du poète au "HP" (haut potentiel) il n'y a qu'un pas : complexe de l'Albatros

Le réveil, la naissance

Avoir souffert dans l'ignorance, avoir souffert par ignorance toute sa vie durant. N'avoir jamais été entendu, compris. Avoir souvent été rejeté, raillé.
Et puis un jour, au détour d'une lecture, se lire dans les lignes de l'auteur. On se retourne, impression que quelqu'un a lu dans nos pensées avant d'écrire le livre, mais non, cela signifie bien que d'autres fonctionnent comme nous. On ne peut pas, par hasard, être incompris, si différent toute sa vie et d'un coup, être paraphrasé ainsi, c'est bien que nous ne sommes pas fou et....pas seul.

Alors commence une longue et difficile mais intéressante relecture de notre vie...

La folie

Folle, instable, trop sensible, pas assez forte. On en entend des qualificatifs blessant quand on est "pas comme les autres sans que ca se voit ni se sache" et même qu'à force, on est convaincu que les autres ont raison, puisqu'on est vraiment seul dans nos ressentis, nos réactions, nos réflexions. Puisque personne ne les partage.
Mais est-ce être fou de ressentir le monde différemment? Est-ce qu'un myope est fou parce que sans l'artifice de ses verres il voit le monde différemment?
Sauf que pour nous, point de verre pour corriger notre vision du monde. Et quand bien même ils existeraient, aurions nous envie de laisser notre nature, notre MOI profond?