J'entre dans la salle, le monde se rue sur le catalogue, le prospectus qui dira tout de chaque toile, qui fouille la vie, l'intimité de l'artiste pour expliquer le pourquoi du comment.
Et moi, moi j'entre, je balaie du regard, puis je m'arrête devant la première toile qui m'attire... et je ressens, j'observe, je m'approche, religieusement, comme si je faisais connaissance avec un animal farouche, je ferme les yeux et je me laisse envahir par les émotions, les idées. Je rouvre les yeux, je les sens humides, je recule, je remercie.
Je m'isole un peu, puis je passe à la suivante qui m'attireras, j'en saute sûrement pas mal, celles qui ne me font rien ressentir, ou pas autant, mais je n'ai pas le sentiment de perdre quoi que ce soit.
Je ne sais rien de cet oeuvre, ni des suivantes, je ne sais rien de leur père, de sa vie, de ses tourments, mais j'ai ressenti tout, souffrance, joie, j'ai ressenti et l'ai marqué au plus profond de moi.
Pendant ce temps, le monde se sera délecté du pourquoi du comment de chaque coup de pinceau, de chaque choix pictural, sur la signification donné par un expert 30 ans après la mort de l'auteur au choix des matières.
De retour, quand j'annonce que j'ai été visité tel ou tel expo, on me parle de tout cela, et moi, je ne sais rien, je n'ai fait que ressentir, que vivre cette expo.
dimanche 18 mai 2008
vendredi 2 mai 2008
Acteur/spectateur/réalisateur
Je vais à l'école pour chercher mes enfants. Sur le chemin, je fais la liste des personnes qui seront présentes devant la classe à attendre leur(s) enfant(s). Untel arrivera en premier, unetelle toujours avec son pain et le paquet de bonbon, un 3è toujours en retard... Je pense aux discussions qui seront en cours, ou qui demarreront: est-ce que le petit dernier à bien fait la sieste? est-ce que les enfants ne seront pas trop excités à la sortie de classe? que penser de la dernière épidémie de gastro? Qu'y avait il à la cantine à midi pour décider du menu du souper?...
J'y pense et je prévois des réponses types en fonction de mon état d'esprit du jour, du temps dont je dispose, j'analyse en même temps l'humeur qu'auront mes enfants et qui m'accordera ou non la possibilité ou non de discuter un peu, d'échanger 3 banalités, ou qui me permettra de fuir ses banalités justement par manque d'intérêt ou par manque de réponse tout simplement.
Enfin, j'arrive devant l'école, les dites personnes sont là, les discussions démarrent et je revis la scène que j'ai déjà préparé, en même temps j'imagine, j'ose parfois avancé une donnée imprévue, une phrase qui sort de la banalité, une question plus consistante, une remarque moins entendue mais non rien ne prend, les gens me regardent comme si je venais de tomber du ciel, alors je reprends le cours des banalités, tout en pensant à mes arguments si la discussion avait pu démarrer, tout en pensant à mener cette discussion avec mes ami(e)s, mon mari en rentrant. Enfin je salue et je fuis en poussant mes ouailles devant moi et je ré-analyse la scène de la sortie d'école, j'en tire des conclusions, je mets de côté les informations qui me permettront d'avoir un meilleur répondant la prochaine fois qu'on me dira "Il fait froid aujourd'hui, c'était pas le cas l'an dernier à la même époque" ou "Mon fils n'aime pas ma soupe, il préfère celle de la cantine"...
Je suis en permanence dans l'action, l'observation, l'analyse, l'anticipation, en permanence en quête de perfection pour me faire au mieux accepter mais pour y tirer un plaisir aussi.
J'y pense et je prévois des réponses types en fonction de mon état d'esprit du jour, du temps dont je dispose, j'analyse en même temps l'humeur qu'auront mes enfants et qui m'accordera ou non la possibilité ou non de discuter un peu, d'échanger 3 banalités, ou qui me permettra de fuir ses banalités justement par manque d'intérêt ou par manque de réponse tout simplement.
Enfin, j'arrive devant l'école, les dites personnes sont là, les discussions démarrent et je revis la scène que j'ai déjà préparé, en même temps j'imagine, j'ose parfois avancé une donnée imprévue, une phrase qui sort de la banalité, une question plus consistante, une remarque moins entendue mais non rien ne prend, les gens me regardent comme si je venais de tomber du ciel, alors je reprends le cours des banalités, tout en pensant à mes arguments si la discussion avait pu démarrer, tout en pensant à mener cette discussion avec mes ami(e)s, mon mari en rentrant. Enfin je salue et je fuis en poussant mes ouailles devant moi et je ré-analyse la scène de la sortie d'école, j'en tire des conclusions, je mets de côté les informations qui me permettront d'avoir un meilleur répondant la prochaine fois qu'on me dira "Il fait froid aujourd'hui, c'était pas le cas l'an dernier à la même époque" ou "Mon fils n'aime pas ma soupe, il préfère celle de la cantine"...
Je suis en permanence dans l'action, l'observation, l'analyse, l'anticipation, en permanence en quête de perfection pour me faire au mieux accepter mais pour y tirer un plaisir aussi.
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