mercredi 30 avril 2008

Etranger en son propre pays

Nous sommes de la même nation, de la même patrie, de la même mère, et pourtant nous ne parlons pas la même langue.
Je parle la langue des émotions, tu n'entends que les mots de l'intellect.
Je dis les sentiments, les ressentis, tu ne comprends que les faits, les actes.

Nous sommes étrangers l'un pour l'autre, même si nos naissances nous ont fait frêres de sang et de terre.

mardi 29 avril 2008

L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poête est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire, les fleurs du mal

Du poète au "HP" (haut potentiel) il n'y a qu'un pas : complexe de l'Albatros

Le réveil, la naissance

Avoir souffert dans l'ignorance, avoir souffert par ignorance toute sa vie durant. N'avoir jamais été entendu, compris. Avoir souvent été rejeté, raillé.
Et puis un jour, au détour d'une lecture, se lire dans les lignes de l'auteur. On se retourne, impression que quelqu'un a lu dans nos pensées avant d'écrire le livre, mais non, cela signifie bien que d'autres fonctionnent comme nous. On ne peut pas, par hasard, être incompris, si différent toute sa vie et d'un coup, être paraphrasé ainsi, c'est bien que nous ne sommes pas fou et....pas seul.

Alors commence une longue et difficile mais intéressante relecture de notre vie...

La folie

Folle, instable, trop sensible, pas assez forte. On en entend des qualificatifs blessant quand on est "pas comme les autres sans que ca se voit ni se sache" et même qu'à force, on est convaincu que les autres ont raison, puisqu'on est vraiment seul dans nos ressentis, nos réactions, nos réflexions. Puisque personne ne les partage.
Mais est-ce être fou de ressentir le monde différemment? Est-ce qu'un myope est fou parce que sans l'artifice de ses verres il voit le monde différemment?
Sauf que pour nous, point de verre pour corriger notre vision du monde. Et quand bien même ils existeraient, aurions nous envie de laisser notre nature, notre MOI profond?

Autoportrait

Il y a 1 an ou 2, on m'a demandé de dessiner ma place dans ma famille.

Voici ce que j'ai dessiné et qui exprimait au mieux mon ressenti:


Un peu comme le boa et l'éléphant du Petit Prince tiens! Les adultes présents n'ont pas compris, enfin, pas tous, certains ont vu un peu de lumière, mais n'ont pas su l'approcher. Je dis "les adultes" et pourtant, j'étais adulte moi aussi ce jour-là via l'état civil, mais pas un adulte "comme eux".
D'aussi loin que je puisse me souvenir, je me suis toujours sentie ainsi, le petit individu qui ne s'intègre pas au groupe. Que ce soit en famille, à l'école, au boulot, en société, toujours , toujours je me suis sentie à part, différente, jusqu'à croire à ma folie.